Le bœuf à bosse, ou zébu (omby), animal importé d’Afrique au cours du 1er millénaire de notre ère, occupe une place essentielle dans la culture malgache. Sa domestication en fait, des siècles durant, un des piliers de l’économie insulaire et de l’ordre social.
Au temps des royautés, l’élevage des zébus assurait la survie du lignage ( groupe se réclamant d’un grand ancêtre commun ), la taille du troupeau faisait la richesse et la puissance du groupe familial et des marques d’oreilles étaient un signe de reconnaissance pour les membres de ce firazanana.
Symbole de prestige, le bœuf est aussi un animal sacré, qui joue un grand rôle dans toutes les cérémonies.
Une marque d’identité
Selon une tradition venue d’Afrique orientale, les entailles faites aux oreilles des zébus permettent d’identifier leur propriétaire. Jadis, un nouveau lignage était reconnu comme tel dès l’instant où le souverain accordait cette «marque» à son bétail.
Sacrifices de zébus
Tous rituel s’accompagne du sacrifice d’un ou de plusieurs zébus choisis d’après les couleurs de leur robe, selon une nomenclature fixée par la tradition et connue du devin ( ombiasy posséder de grands troupeaux, c’est pouvoir déposer à tout moment des bêtes requises ).
Troupeau de lignage et propriété privée
Dans le Sud et l’Ouest ou l’élevage bovin est la principale activité économique, chaque lignage possède son troupeau, placé sous l’autorité de l’aîné de la branche aînée. Le pâturage du cheptel est alors un repère essentiel du territoire de la communauté.
Aujourd’hui, les jeunes acceptent de moins en moins l’autorité d’un aîné sur leurs biens et veulent gérer leurs propres bêtes à l’intérieur du troupeau commun la plupart du temps, le lignage n’est donc plus une entité économique puisqu’il a éclaté en unités pratiquement autonomes.
Boeuf et ancêtre
Lignages et clans ont une histoire pour autant qu’ils ont des bœufs et des ancêtres, les premiers étant en quelque sorte le compte des seconds.
Le roi, propriétaire de toute bête « Sauvage », non marquée, est celui qui, par ses ancêtres, se rapproche le plus de la divinité. A l’inverse, le pauvre, celui qui n’a pas de bœufs, n’a guère plus d’ancêtres.
Des valeurs bouleversées par la colonisation
A l’époque coloniale, l’élevage perdit de son caractère extensif sous l’effet de la sédentarisation progressive des populations, de la croissance démographique et de l’essor de l’agriculture. Avec l’essor des marchés, tous ceux qui étaient exclus des anciennes hiérarchies voulurent acquérir des bêtes pour atteindre le seul vrai prestige social, celui du propriétaire d’un troupeau.
Vol de bétail
La multiplication des vols de bœufs ( désormais dépourvus de tout caractère rituel au cours des vingt dernières années ) a provoqué une crise très grave en milieu rural ou les zébus constituent l’élément essentiel des échange à l’occasion de nombreuses cérémonies funérailles, circoncisions, alliance, etc…
L’appauvrissement consécutif des éleveurs renforce le mouvement migratoire vers les villes.