Antananarivo (Tananarive) est aussi appelée Vohitsara, « cité de beauté ». Édifiée sur l’une des douze collines historiques de l’Imerina, la capitale malgache domine la plaine du Betsimitatatra, un paysage de rizières irriguées par le Laniera et l’Ikopa.
Ses différents quartiers s’étagent à flanc de couteau dans un dédale d’escaliers, de ruelles, de ponts et de passerelles, composant un vaste ensemble où le rouge et le vert dominent. Sur la colline la plus élevée, Anatirova, (1.431m) se dressent les palais royaux.
Avec ses cieux d’un bleu intense, Antananarivo symbolise bien l’Imerin’Ambaniandro, les « hautes terres sous le ciel ». C’est une capitale verdoyante, ombragée de jacarandas et de frangipaniers, une ville où il fait bon se promener le jour. Seules ombres au tableau : la pollution urbaine, qui prend des proportions inquiétantes, et les embouteillages que connaissent certains quartiers. En un siècle, sa population est passée de 50 000 à plus de 2 millions d’habitants.
Après avoir chassée les Vazimba de la colline d’Analamanga («forêt bleue»), le roi merina Andrianjaka y établit son Rova (palais-citadelle) en 1610 puis, il y installa une garnison de mille hommes pour garder le site dont il fit sa capitale.
C’est ainsi que naquit Antananarivo «la Cité des Mille», serrée autour du Rova et protégée par des fossés et de vertigineuses falaises.
Quand il entreprit de réunifier l’Imerina, en 1794, Andrianampoinimerina commença par conquérir Antananarivo, s’empressant d’endiguer l’Ikopa et d’aménager des rizières dans les plaines du Betsimitatara.
Au début du XIXè siècle, la ville profita de son nouveau statut de capitale malgache et de la politique internationale active menée par Radama Ier pour devenir l’un des principaux pôles du négoce de l’océan Indien. Elle commença à s’étendre en direction de la plaine, les habitations en bois et en jonc massés dans l’ancienne enceinte furent peu à peu cernées par des maisons à étage en brique séchée d’inspiration européenne.
En septembre 1895, les troupes du Général Duchesne assiégèrent la cite des Mille, bombardant le Rova. En janvier 1896, le résident Laroche s’installait à «Tananarive» et l’actuel quartier d’Antaninarenina devint bientôt le nouveau centre administratif de la capitale. Au début du XXè siècle, les Français dotèrent la ville de voies carrossables, d’une gare, d’un réseau d’égouts et de l’éclairage public. Ces travaux d’aménagement et d’assainissement se poursuivirent dans les années 1920 et 1930, notamment avec la modernisation du Zoma (“grand marché du vendredi”) et l’élargissement de nombreuses artère.
A la proclamation de l’indépendance, en 1960, Antananarivo devint naturellement la capitale de la République Malgache. Depuis, elle s’est encore étendue gagnant sur les rizières qui l’entourent.
Tandis que le quartier commerçant d’Analakely conservait son architecture coloniale, deux grands ensembles de bâtiments administratifs ont été édifiés près du lac Anosy et à Antaninarenina, et une tentative d’aménagement harmonieux a pris corps avec les logements populaires des 67–Hectares. A l’aube du XXIè siècle, Antananarivo est une ville en pleine mutation. Certes, l’urbanisation ne semble plus correspondre au plan initial d’occupation des sols et la pénurie de logements sociaux explique que des taudis voisinent avec des quartiers résidentiels.
Toutefois, en 1997, le centre ville d’Ambohidahy à Analakely, a été entièrement rénové avec le concours du Japon, et un palais national des Sports et de la Culture, construit avec celui de la République populaire de chine, a été inauguré à Mahamasina. Antananarivo pourrait devenir une très belle ville si cet effort de reconstruction se poursuit.
Citations :
« Tous les voyageurs qui veulent aller à la capitale en doivent demander la permission à la reine, et attendre à une journée au moins de distance la décision du sikidy, qui fixe le jour et heure où ils peuvent faire leur entrée.
Il faut observer rigoureusement le jour et l’heure indiqués, et si, dans l’intervalle, le voyageur tombe subitement malade et se trouve dans l’impossibilité d’arriver aux portes de la ville au moment prescrit, il doit adresser un nouveau message à la reine et attendre une seconde décision du sikidy, ce qui fait perdre plusieurs jours, et souvent plusieurs semaines.»
Ida Pfeiffer, Voyage à Madagascar, 1857
« Ville aux mille guerriers, aux villages sans nombre, de puissance et d’orgueil symbole généreux, tes peuples ont gardé, paisibles et heureux, l’image d’un passé fugitif comme une ombre.»
A. Courrejou
« Je veux faire graver cette parole sur le fronton du tribunal « Malheur à qui condamne l’innocent et justifie le coupable » Tout juge prévaricateur sera dépouillé de ses biens en faveur de sa victime.»
Ranavalona II
Proverbe Malgache :
La parole est comme l’œuf : éclose, elle a des ailes.