Cette région d’altitude moyenne doit son relief relativement compartimenté à la prédominance du socle primaire cristallin et des escarpements de faille parallèles à la côte. Sa latitude basse et la permanence des alizés en toute saison valent au Nord-Est un climat subéquatorial, chaud et très humide, là région essuie parfois plus de 3 cm de pluies par an et de nombreux cyclones.
Ne dit-on pas avec humour, que la saison des pluies y succède à la saison où il pleut ? Ce climat favorise, naturellement, la prépondérance de la forêt pluviale. Cette grande forêt ombrophile se dégrade de plus en plus en forêt secondaire, ou savoka, sous la pression excessive de l’homme.
En résulte un ravinement spectaculaire que l’on peut observer le long de la RN2 entre Antananarivo (Tananarive) et Toamasina (Tamatave).
Comme dans le Sud-Est, on note la présence d’une multitude de petits fleuves côtiers, difficilement franchissables – du Nord au Sud, le Bemarivo, la Mananara, le Maningory, l’Onibe et l’Ivondro.
Le Pays Betsimisaraka
Les formes du relief, la proximité des royaumes sakalava au nord et merina à l’ouest et une large ouverture sur la mer – donc sur les envahisseurs – expliquent l’histoire mouvementée des Betsimisaraka, groupes fréquemment divisés par les oppositions féodales entre gens du Nord et gens du Sud.
Des dynasties Zana-malata métissées à des pirates anglais ou français (« malata » viendrait de mulâtre) jouèrent un grand rôle dans cet imbroglio et certains personnages hauts en couleur ont inspiré la littérature et le cinéma.) : le roi Ramaromanompo, fils du pirate anglais Thomas White, qui sut fédérer les Betsimisaraka en 1717 ; le caporal La Bigorne, qui épousa la reine Bety de l’île Sainte-Marie (Nosy Boraha) vers 1750 ; l’inénarrable aventurier Benyowsky, qui s’arrogea le titre d’empereur à Foulepointe (Mahavelona) à la fin du XVIIIè siècle…
Fenêtre de Madagascar sur l’extérieur, terre de commerce international et passage obligé sur la route des Indes, cette région a vu les grandes puissances rivaliser d’influence pour en prendre le contrôle. Radama Ier et Ranavalona Ière tirèrent un profit maximal de la rivalité franco-anglaise.
A la fin du XIXè siècle, le lobby réunionnais conduit par le député François de Mahy et bien d’autre voix se firent entendre pour pousser la France à engager la conquête coloniale. Il s’agissait alors d’éliminer la concurrence que la bourgeoisie « hova » d’Imerina imposait aux traitants européens à Toamasina comme dans le reste du pays.
La Région de Toamasina (Tamatave)
Le vaste arrière-pays reste le domaine du tavy, forme traditionnelle de culture itinérante sur brûlis, et la pression démographique, qui réduit les temps de jachère, inquiète tous les responsables malgaches. Mais ce sont surtout les plaines et les collines littorales qui sont les mieux mises en valeur : vanille, canne à sucre, café, girofle, banane, letchi, etc… sans oublier le riz.
Tandis que Sambava, Antalaha, Fenoarivo-Antsinanana et Mahavelona sont des centres commerciaux et parfois touristiques, Toamasina est la capitale de tout l’Est et son port le « poumon » de la Grande Île.
Cette ville a su mettre en valeur son site portuaire à l’abri des récifs et sa situation de débouché naturel des Hautes Terres. Pôle industriel, commercial et universitaire, elle est aujourd’hui la deuxième ville de Madagascar.
Les Betsimisaraka
Le pays Betsimisaraka (72 000 km² environ) s’étend le long de la côte orientale malgache, de Sambava au nord à Mahanoro au sud. Le grand roi zanamalata Ratsimilaho, qui se donna le nom de Ramaromanompo (celui qui a plusieurs vassaux), sut, au XVIIIè siècle, donner au pays son unité politique.
D’après la tradition orale, les Betsimisaraka (les nombreux inséparables) doivent leur nom au pacte de sang (fati-dra) qu’il fit prêter aux principaux chefs lignagers du royaume, dans la presqu’île d’Ambitsika, à 4 km de Mananara-Nord. Ils jurèrent de rester à jamais unis (tsy misaraka), quelles que soient les vicissitudes que leur réserverait l’exercice du pouvoir.